dimanche 19 février 2012

La Torah mentionne t-elle « la Chine » ?



Sini, en hébreu moderne signifie «Chinois » et Sin désigne la Chine. A partir de là, les commentateurs peu sérieux qui aiment à prendre le texte biblique au pied de la lettre tranchent : la Genèse, dès les premières pages, mentionne la Chine et par conséquent les Chinois. Or rien n’est plus faux; le Sini en question, fils de Canaan, lui-même descendant d’un des trois rejetons de Noé ; à savoir Ham, n’a jamais dépassé le cadre du Moyen-Orient. Il est un Cananéen pure souche – on pourrait dire un Palestinien – au même titre que ses frères qui ont colonisé la Terre Sainte et le désert du Sinaï, d’où son nom. Sa demeure est le désert de Sin-Sinaï. Quelques commentateurs anciens le situent en Phénicie ; mais pas plus loin. Ignorance ou mauvaise foi, certains exégètes bibliques, aiment trouver les choses là où ça les arrange, pour justifier leur doctrine. Le Sini dont il est fait mention dans la Genèse (10 :17)  s’est sans doute métamorphosé au fil des âges en Bédouin mais certainement pas en Chinois.
Une autre piste des Sin dans le Tanakh nous est fournie par Isaïe (49:12) qui a vécu au VIII e siècle avant l’ère ordinaire.  Le prophète, qui parle du retour des exilés à la fin des temps, nous dit : « ceux-ci viendront de loin; du nord et de l’ouest, et ceux-là du pays de Sinin. ». Les commentateurs juifs s’accordent à dire que Sinim désigne le sud. Alors pourquoi Isaïe ne dit pas « sud » tout simplement, comme il cite le nord et l’ouest ? Isaïe, dans sa prophétie du retour  des exilés à Sion, évoque bien évidemment des contrées très lointaines, ce qui à priori exclut les Sinaï ou l’Egypte, que mentionnent d’autres commentateurs.  Par contre, Le Dr. John Gill (1697-1771) fait remarquer que Manassé ben Israël (1604-1657), un érudit hébreu considérable, a identifié « Sinim » comme étant la Chine, tout comme Ptolémée (vers 90-168 apr. JC).  Cette piste donc n’est pas à négliger.
Le nom Khan qui en hébreu dérive de Cohen, qui signifie « prêtre », voire dirigeant spirituel ou politique, ressemble étrangement au titre  Khan qui veut dire « dirigeant, souverain », celui qui commande, en mongol et en turc.  Le Kh en mongol et en chinois, se prononce selon la Jota espagnole et/ou la lettre Hét hébraïque, d’où une possible association avec les Han qui représentent plus de 90 % du peuple chinois. Le premier Cohen, soit Aharon,  le frère de Moïse, a donné naissance au fil des âges à de nombreux Cohen, Khon, Khan, Kahn; voir même à Strauss-Kahn. Ce nom, associé à un titre nobiliaire, s’est-il exporté jusqu’en Chine, à travers les steppes mongoles ? Ceci n’est pas à exclure, comme le  titre de Tsar qui dérive selon toute vraisemblance de Sar en hébreu, qui signifie « prince ».
J’avance aussi une piste qui n’engage que moi; à savoir un parallèle phonétique entre l’appellation de Cathaï, appliqué à la Chine et desKittin qui descendent de Yafet, fils de Noé. Rien ne permet d’étayer  cette hypothèse, si ce n’est que, d’après la tradition juive, les habitants de Chine seraient issus de Yafét et non des deux autres  fils de Noé, Ham et Chém, et que, d’autre part,  le nom Kittim ressemble singulièrement àCataï.
Enfin, vous savez sans doute qu’Abraham après la mort de Sarah s’est marié avec une certaine Kétoura dont le nom en hébreu signifie « encens ». Vous savez peut être aussi que Kétoura ne serait autre, au dire de nos commentateurs, qu’Agar en personne, qui a donné naissance au fils ainé d ’Abraham, à savoir Ismaël. (Si vous voulez en savoir d’avantage reportez vous à mon essai « Ismaël et ses frères »). Kétoura mit au monde 6 garçons (Zimran, Yokchan, Medan, Midyan, Ichbak et Choua’h) qui seront les seront les alliés naturels d’Ismaël, voire ses frères tout simplement,  si Agar et Kétoura sont effectivement  une seule et même personne. Il  est écrit dans la Torah « Abraham donna tout ce qu’il avait à Isaac, et aux fils de ses servantes, il fit des cadeaux et les envoya, de son vivant, loin de son fils Isaac, au pays de Kédém » (Genèse 25 : 6). Où se trouve le pays de Kédém ? Kédem, en tant que direction cardinale désigne le soleil levant, c’est-à-dire de l’est.  Jusqu’où, à l’est sont-ils partis, je l’ignore, mais, rien n’interdit de penser que ces garçons aventureux ont taillé leur route, peut être aussi afin de mettre autant de distance que possible entre eux et le descendant officiel et préféré d’Abraham ; à savoir Isaak qu’ils jalousaient.  Ce qui est curieux dans le texte c’est la répétition du mot Kédém : » il les envoya vers l’orient, au pays d’Orient ».  Cette répétition pourrait signifier que l’Orient en question est le plus éloigné possible ; l’extrême Orient en quelque sorte. Un lieu qui n’est pas éloigné de la Chine.
Quoiqu’il en soit, une chose est certaine, dans le premier récit de la promesse de D. à Abraham il est écrit : « et toutes les familles de la terre seront bénies en toi » (Gen. 12:1-3). La Chine aussi par définition.
Si vous avez d’autres pistes, je serais heureux d’en prendre connaissance.

1 commentaire:

  1. Bonjour,

    Voici un lien vers un cours du rav Cherki étayant la dernière thèse de votre article. Passionnant et argumenté:
    http://www.french.machonmeir.net/component/jmultimedia/?rid=30&catid=15&view=media&layout=default&id=3993

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